Coquelicot & Basilic

Instagram, suis-je grosse ?

Mon dieu… Comme ces mots sont difficiles à taper ici. Ou plutôt, comme c’est dur de vous les dire, à vous, qui allez me lire dans quelques heures ou quelques jours, derrière votre ordinateur ou votre téléphone. Allez, j’ai peur… Mais je me lance.

Le contexte

Avant toute chose, je vais re-situer le contexte. On est à la fin de mois d’août et je me rends compte que mon blog fête son premier anniversaire. Pour l’occasion, je décide de vous remercier en organisant une semaine de concours sur instagram. Alors, pendant plusieurs semaines (oui, c’est long quand on n’a pas 10K followers !), je remue ciel et terre (ou au moins agences RP et marques de sport) pour vous offrir un maximum de cadeaux. Le but ? Vous remercier chaleureusement de votre fidélité, de vos encouragements et de vos petits mots au quotidien qui me font déjà un bien fou mais qui vont bientôt, et je ne le sais pas encore, me boulverser.

Premier concours de la semaine : un cours d’aquabiking en duo chez AquaBy. Je trouve ce cadeau génial, je suis excitée comme une puce à l’idée de vous le faire gagner. Seulement voilà, quand je vais tester la séance, il faut bien que je prenne des photos, pour vous en mettre, une, si possible jolie, sur instagram, je jour du concours. Je commence à faire des photos de la piscine, des altères, bref du lieu… quand une adorable bloggeuse me propose de me prendre en photo, dans l’eau sur mon vélo. Je suis persuadée d’avance que je ne vais pas aimer la photo. Pas parce qu’elle sera ratée mais parce que je me trouverai trop grosse, trop molle, pas assez « fit ». Mais j’accepte poliment (et avec une once d’espoir, je l’avoue).

De retour à la maison, vidée par ma séance d’aquabike, je découvre les photos que je n’ai même pas osé regarder à la piscine. Elles sont belles. Très belles. Elles correspondent à ce que j’imaginais (d’ailleurs merci encore Céline, si tu passes par là). (La photo est en fin d’article). Mais rien y fait, je ne peux pas m’en empêcher. Je zoom. Je zoom sur ce petit bourrelet de fesse qu’on aperçoit. Sur mon ventre, miraculeusement dissimulé par l’eau. Et sur ces bras trop potelés à mon gout. Bref, je ne vois que ça… Je me trouve grosse. Ou plutôt ronde, parce que je sais que j’ai perdu du poids et que je suis « moins grosse » qu’avant. Mais c’est tout. Et parfois, j’ai l’impression que c’est la seule chose qui me définie. « Moins grosse qu’avant »… J’ai peur que ça tourne à l’obsession ? Ou peut-être l’est-ce déjà ? Je me pose toutes ces questions… J’hésite longtemps entre cette photo et une autre de la piscine, vide… C’est mon amoureux qui m’encourage à choisir celle sur laquelle je pose. Je lui fais confiance (comme toujours) et je la poste.

Les commentaires s’enchaînent. Vous êtes contentes de ce premier concours. Je suis ravie ! Et puis au milieu de vos participations et vos (adorables) mercis, se glissent des compliments qui ce jour là me bouleversent.

« On ne te voit pas souvent sur insta pourtant tu es superbe ».

Une phrase au milieu des autres compliments qui me pousse à réfléchir… Non, c’est vrai, je ne me montre pas souvent sur Instagram. Pourquoi ? Parce qu’il y a des abonnés que je connais personnellement et que j’ai trop peur de leurs réactions. Et que j’ai peur de la réaction des autres, aussi, ceux que je ne connais pas. Parce que je n’ai pas confiance en moi. Pas assez pour encaisser un commentaire négatif s’il y en a un qui tombe…

Et, en fait, trop occupée à penser à tout ça, je me rends compte que je passe à côté du principal : en un an, je n’ai pas eu de commentaire négatif. Vous avez toujours été bienveillants. Toujours présents. A complimenter mes recettes, mes photos et à me complimenter, moi, les quelques fois où je suis apparue. Et si vous saviez comme ça fait du bien…

Je ne suis pas (si) grosse.

Pour la première fois, ce jour-là, en lisant vos commentaires, je me suis dis que finalement je n’étais pas si grosse. Et que, quand bien même, il était peut-être temps que j’apprenne à l’aimer un peu ce corps. Après tout ce qu’il m’a permis de réaliser… Un semi-marathon, huit kilos de perdus, les 20km de Paris, d’autres courses, de belles ballades… Et puis tout le reste, le quotidien. Je suis en très bonne santé. Grâce à lui, je peux faire presque tout ce que je veux, une randonnée, une course, un cours d’aquabike, marcher les pieds dans le sable, les pieds dans l’eau, aller me baigner, monter des escaliers, travailler, manger ce que je veux, ne rien faire, aussi parfois (souvent !)… Je n’ai aucune maladie qui m’empêche de faire tout ça. Ni l’obésité ni rien d’autre et pourtant, chaque jour, je blâme ce corps qui me permet de faire tant de choses. Je l’affuble de critiques négatives… C’est fou non ? Alors, c’est décidé, je vais essayer de l’apprivoiser ce corps, de l’aimer peut-être ? En l’état il ne me plait pas vraiment, alors je vais continuer de travailler un peu, mais plus sereine, j’espère … Et puis, je vais aussi me rendre compte qu’il me plait plus qu’avant. Et que c’est déjà très bien.

Exit, les mannequins, la pub et… les fit-girls d’instagram 

Et puis, je crois que je vais faire du tri. Je ne lisais déjà plus tellement les magazines, j’esquivais donc pas mal les fameux mannequins à la taille zéro… Mais instagram est devenue une véritable vitrine pour des mannequins d’un nouveau genre. Des fit-grils, minces, « fit », la nouvelle mode côté body… Des abdos bien trop dessinés que je n’aurais surement jamais parce que j’aime beaucoup trop le chocolat. Des fesses hyper fermes qui ne se méritent qu’après des années de boulot à la salle de sport (et que je préfère mille fois boire des verres et tester de délicieux restos avec mon amoureux ou mes amies). Alors, je vais faire du tri sur instagram, virer ces comptes de fausses filles parfaites qui ne me ressemblent pas. Et, finalement ai-je vraiment envie de leur ressembler ? De troquer ma grasse mat’ du dimanche contre 2h de sport tous les week-ends ? D’échanger mes sorties resto contre des soirées salle de sport ? Et de sortir mes fesses de mon canapé pour rejoindre une piscine glacée ! Non, merci.

Attention, je n’émets ici aucun jugement, chacun est libre d’avoir les centres d’intérêt qui lui conviennent. Je ne suis moi-même pas une addict des sorties à outrance… Et je dois reconnaître que le sport me fait du bien (quand je me bouge à y aller !). J’adore courir. Je me découvre une nouvelle passion pour le yoga. Mais la muscu, nan, je n’y arrive pas et je n’ai plus trop envie de me forcer. Alors, je vais arrêter de me culpabiliser et je vais faire ce qui marche le mieux : positiver, me rendre compte que j’ai déjà beaucoup de chance d’être comme je suis, en bonne santé, capable de faire tant de choses… On essaie ensemble ?

Merci de me permettre de réaliser tout ça

Belle journée healthy (et surtout happy) ❤