Marathon de Paris, J-3

Hello mes petits coquelicots,

A l’heure où je vous écris, trois jours me séparent du Marathon de Paris. Trois petits jours.

J’avais envie de revenir un peu par ici : sur mon blog que j’ai tant délaissé ces derniers mois. Pas pour vous écrire un article sur ma préparation marathon, ni sur mes conseils pour cette dernière ligne droite : je n’ai jamais couru cette distance, je ne suis pas une experte, loin de là. Je n’ai d’ailleurs pas eu une préparation exemplaire.

Non, si je viens vous écrire ici, c’est que j’avais besoin de poser des mots sur mon ressenti sur les trois derniers mois qui viennent de s’écouler. 3 mois, 12 semaines. C’est peu. Mais suffisant pour totalement chambouler ma vie.

Semaines une et deux.
D’abord, j’ai été blessée au genou. Impossible de m’entraîner véritablement les deux premières semaines et même avant… Un mois environ pendant lequel, j’avais mal dès le deuxième kilomètre et systématiquement. Tous les runs… Je garde un terrible souvenir de cette période. J’ai pleuré à chaque retour chez moi. A cause de la douleur mais surtout de la frustration. Espérer que cette sortie sera la bonne, que le genou me laissera tranquille. Devoir m’arrêter au bout de trois ou quatre kilomètres, voir le marathon disparaître petit à petit. Quelle déception. Quelle injustice.

S-10 : le médecin sauveur et Barcelone.
J’ai eu la chance de voir un médecin du sport qui m’a guérie en deux temps, trois mouvements (ou presque). Un sauveur ! Me voilà à la semaine dix de la prépa. J’ai raté les deux premières semaines. La plus longue distance courue récemment, c’est… 4km. Je ne crois plus du tout au marathon. Je passe le week-end à Barcelone avec les copines pour courir le semi-marathon de la ville espagnole. Je suis sure que je n’atteindrais jamais cette distance. Même si le genou tient, je n’ai pas la préparation pour me lancer sur 21km. Et pourtant… Partie pour tenir au minimum 10-12km, je franchi la ligne d’arrivée en larmes, aux côtés de mon amie Justine qui m’a soutenue du début à la fin. C’était mes premières larmes à une ligne d’arrivée. J’étais tellement heureuse de réussir. Tellement heureuse que mon genou tienne. Que le mental prenne le dessus. Heureuse d’en être capable. Je me suis prouvée tellement de choses ce week-end là… Quelque chose a changé.

S-9 à aujourd’hui.
J’ai donc repris une prépa modérée au début plus progressivement plus « classique ». Je n’ai pas suivi l’entraînement idéal, c’est certain. Seulement deux sorties par semaine au début pour ne pas brusquer mon genou. Pas de fractionné. Mais finalement j’ai bouclé dix semaines d’entrainement. Un mois sans alcool. Des soirées écourtées pour aller dormir.

Mais aussi une vie personnelle très mouvementée. Certains ont repéré des indices sur Instagram. M’ont posé des questions. J’ai répondu. Mais je n’ai pas particulièrement envie de m’étaler sur le sujet, ni ici, ni sur les réseaux sociaux. Ce serait bizarre, déplacé. Mais ces changements, doutes, interrogations, cette étape de ma vie m’ont beaucoup fatiguée moralement. Je crois pourtant qu’à cette période là là, je n’ai jamais songé à mettre fin à ce projet de marathon. Au contraire, c’était mon objectif, mon but, pour moi et moi seule.

Mes trois sorties par semaine m’ont permis de faire le point, de me poser les bonnes questions, de décompresser, de pleurer parfois. La course à pied a cette force énorme : une véritable introspection. J’ai enchainé les kilomètres, les doutes, les peurs, la flemme, la pression de ma vie personnelle. Mais je suis arrivée au terme de la 9ème semaine de prépa, fière de moi et enfin « confiante »…

La dixième semaine.
Et puis, il y a eu mon agression mardi soir. Je me suis fait voler mon téléphone en rentrant d’un de mes derniers run avant le jour J. Un mardi soir. 20h30. Le même parcours que d’habitude. Mon quartier. Mes habitudes. Le marathon est dans 5 jours et je suis prête. Je me sens invincible. C’était sans compter ces deux jeunes à scooter venus m’arracher à mon nuage d’endorphines. Ils m’ont pris mon téléphone des mains et m’ont fait tomber sur le bitume. C’était violent, c’était intrusif, c’était injuste, c’était douloureux, c’était rapide et si long en même temps. J’ai vu le passager se retourner, il m’a vu par terre, pleurer, crier… Et pourtant il ne s’est pas arrêté.

Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette violence, moi qui essaie tant d’être positive, tout le temps même dans les pires moments, même ces dernières semaines pourtant tellement difficiles ? Pourquoi ai-je l’impression que le sort s’acharne ? Tout ça en quelques semaines, le genou, ma vie personnelle si douloureuse, cette agression, c’est trop… J’ai l’impression que je ne me relèverai jamais de ce trottoir…

Et pourtant : les passants m’ont aidée. Je suis allée au commissariat. Je suis rentrée chez moi et j’ai pleuré … Beaucoup. Et puis finalement, il y a eu les amis. Tous ces amis. Qui m’ont appelée (j’ai donc découvert qu’on pouvait « appeler » avec Facebook ! #vivelatechnologie). Qui étaient prêts à débarquer chez moi à 23h30. A me faire à diner ou à partager leur lit (et leur peluches pour certains !!). A m’aider, à être là pour moi. Ma petite soeur qui s’est occupée de tout pour ma ligne de téléphone… De l’amour en plein coeur. J’ai tellement de chance d’être aussi bien entourée.

Ensuite, il y a eu cette vague de bienveillance sur Instagram. Des dizaines et des dizaines de messages. Je dis souvent que les choses n’arrivent jamais par hasard. Vous conviendrez que sur l’instant, c’est difficile de comprendre ce que peut bien apporter un vol à l’arrachée… Et pourtant, la liste est longue : de l’amour, de la bienveillance, des amis, des mots justes et doux, des câlins, des pensées, une si belle énergie. Je ne me suis jamais sentie si entourée…

Ces trois derniers mois, la vie m’a mise à l’épreuve alors que je préparais déjà le plus gros défi sportif de ma vie. J’ai cumulé les difficultés, les péripéties, les mauvaises nouvelles… Mais je n’ai jamais abandonné. J’ai continué cette prépa marathon, dans la douleur parfois. Je suis tellement fière de moi, d’avoir tenu bon.

Dans deux jours, je prendrai le départ du plus gros challenge sportif de ma vie. Et, je laisserai sur le bord de ces 42,195km les épreuves des ces derniers mois. Comme pour me prouver que je suis capable de les affronter et de les dépasser.

Finalement, je remercie la vie d’avoir semé ces épreuves sur ma route. Je ne serai que plus fière, plus heureuse et accomplie, dimanche.

Merci à tous pour vos mots, vos pensées, vos bonnes ondes.

4 réflexions sur “Marathon de Paris, J-3

  1. Cecilia dit :

    Tu te livres à nous ma belle Gila! Merci pour ta confiance. J’adore toujours autant te suivre, toi, ta sincérité, ta motivation, tes projets quels qu’ils soient qu’ils aboutissent ou pas….
    Tout ce chemin parcouru t’a prouvé des choses, t’a rassuré sur ta force et tes capacités et à te relever. Je te souhaite un très beau marathon dans cette ville somptueuse qu’est Paris, beaucoup de bonheur, un peu de souffrance aussi 😉 De la bonne souffrance cela fait parti du jeu, c’est un peu le package pour ressentir la fierté que tu auras en franchissant la ligne d’arrivée. Je serai derrière toi dimanche.

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  2. Anaïs dit :

    Ce post m’a mis les larmes aux yeux… quellle force, quel courage, quelle détermination malgré les épreuves… vraiment je t’admire, encore plus maintenant. Tu es une femme forte et je te souhaite vraiment le meilleur pour dimanche. Je ne serai pas physiquement sur Paris pour t’encourager mais je penserai très fort à toi 🙂 💪🏻👍🏻

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  3. Sylvie BB dit :

    Quel courage… je ne trouve pas de mot plus fort. Bravo à toi et que la force soit avec toi. Je suis sûr que tu vas y arriver. De tout cœur avec toi 🤗

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